La 26e Conférence des parties a eu lieu cette année à Glasgow, au Royaume-Uni. La Conférence a fixé quatre objectifs : atténuation, adaptation, financement et collaboration. Après deux semaines d’intenses négociations, des accords ont été conclus. Quel est le bilan, notamment pour l’océan ?
La COP26 a abordé quatre grands thèmes
La COP26 a revêtu une importance particulière puisque les 197 pays signataires se sont engagés à renforcer leurs objectifs de réduction des émissions d’ici 2030 et à les réexaminer chaque année, plutôt que tous les cinq ans, ce qui les rend rapidement obsolètes.
Les parties ont convenu de maintenir l’objectif de 1,5°C. Dans le cadre de l’accord de Paris, 195 pays se sont fixé pour objectif de maintenir le changement de température moyenne de la planète en dessous de 2°C et aussi près que possible de 1,5°C. Avant la COP26, la planète tendait vers 2,7°C de réchauffement global. Sur la base de nouvelles annonces faites pendant la Conférence, les experts estiment que nous sommes désormais sur la voie d’un réchauffement compris entre 1,8°C et 2,4°C.
Les parties ont établi un programme de travail pour définir des objectifs mondiaux en matière d’adaptation. Le résultat des négociations sur les « pertes et dommages » a déçu les pays les plus vulnérables, car aucun engagement à mobiliser de nouveaux fonds dans le cadre d’un mécanisme spécifique n’a été convenu – reportant ainsi cette question à la prochaine COP.
Les parties ont convenu de doubler le financement de l’adaptation des pays dits « développés » vers les pays « en développement ». Alors que 100 milliards de dollars devaient être débloqués pour les pays les moins avancés chaque année à partir de 2020, cet objectif ne sera pas atteint avant 2023. Les parties sont encouragées à au moins doubler leur contribution collective au financement de l’adaptation au changement climatique d’ici 2025, par rapport aux niveaux de 2019.
Les parties sont parvenues à un accord sur les éléments nécessaires pour mettre en œuvre et rendre pleinement opérationnel l’accord de Paris. Le « Rulebook de Paris » fournit des orientations détaillées et fixe les exigences auxquelles les pays doivent satisfaire pour parvenir à un avenir sans carbone.
L’océan n’était pas une question centrale
La communauté océanique s’est fortement mobilisée pour cette COP. Cependant, l’océan n’a pas été un sujet central dans les discussions menées par les parties, puisqu’il n’a été mentionné que comme une question qui mériterait un traitement spécifique.
Le préambule du pacte de Glasgow soulignait « l’importance de garantir l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les forêts, l’océan et la cryosphère […] ». Les parties ont également reconnu les liens intrinsèques entre l’océan, le climat et la biodiversité et la nécessité de les aborder conjointement dans les processus internationaux relatifs au climat et à la biodiversité. Elles sont invitées à examiner comment intégrer et renforcer l’action en faveur des océans dans leurs mandats et plans de travail existants et à rendre compte de ces activités dans le cadre des processus de notification existants.
En conclusion, des mesures ont été prises pour institutionnaliser la place de l’océan au sein de la convention sur le climat.
Et la communauté océanique a réagi
La Plateforme Océan & Climat a affirmé que « bien que l’océan soit de plus en plus reconnu pour son rôle dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, sa santé reste particulièrement menacée par les activités humaines. Seule une réduction drastique des émissions de GES pour limiter le réchauffement à 1,5°C permettra de sauvegarder l’intégrité de l’océan. »
Les acteurs de l’océan du monde entier s’attendaient à ce que l’océan occupe une place beaucoup plus importante lors de la COP26. C’est ce que reflètent, par exemple, les propos de John Kerry, envoyé spécial du président américain pour le climat : « Lorsque le monde parle de la crise climatique, la crise des océans doit être au centre de cette conversation. L’un des moyens d’y parvenir sera d’établir un forum permanent pour les questions relatives aux océans, ici à Glasgow, dans le texte de décision de la COP26. »
L’ambassadeur Waldemar Coutts, directeur de l’environnement et des océans au ministère des affaires étrangères (MoFA) du gouvernement chilien, a également exprimé son opinion : « Le leadership du ministère chilien des affaires étrangères a été déterminant dans le processus de promotion de l’océan en tant que puits de carbone et régulateur climatique. Nous sommes très heureux d’avoir pu contribuer à un texte de décision ambitieux sur l’océan lors de la COP26, en travaillant avec d’autres parties et avec la participation cruciale de la société civile. L’intégration de l’océan dans le processus de la CCNUCC est une étape nécessaire. L’action en faveur des océans est une action en faveur du climat et l’une des clés de la résolution de la crise climatique. »
Des données et des informations océaniques fiables et fondées sur des données scientifiques sont plus que jamais nécessaires pour atteindre les objectifs fixés lors de la COP26. Comme l’affirme Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Océan International, « l’océan est un sujet à part entière : il comporte ses propres enjeux environnementaux, sociétaux et économiques à prendre en compte. Pris ensemble, dans une perspective océanique, ces trois enjeux peuvent apporter des solutions et contribuer aux défis globaux auxquels le climat et la biodiversité sont confrontés aujourd’hui. Je suis heureux de constater que l’importance de l’océan est enfin reconnue dans les plus hautes sphères de l’arène politique internationale. Les objectifs atteints au cours de cette COP sont des étapes importantes sur un long chemin à parcourir. Malheureusement, le temps presse : nous avons le devoir de renforcer la voix de l’océan qui réclame des solutions« .