Les océanographes de Mercator Ocean International (MOi) examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]
Bilan pour le 23 Avril
Catégories de vagues de chaleur marine
Zone Europe
Mer Mediterranée
Le bassin occidental n’est plus en condition de canicule marine. Dans le bassin oriental, l’intensité de la canicule marine a fortement diminué et est passée majoritairement en catégorie modérée.
Zone Globale
Océan Atlantique
Atlantique Nord – Sur la façade Atlantique Nord-Africaine, des côtes marocaines jusqu’au détroit de Gibraltar, la canicule marine reste stable en intensité ainsi qu’en superficie, avec des catégories modérées et fortes.
Atlantique Tropical Nord – Dans l’Atlantique Tropical Nord et en mer des Caraïbes, la canicule marine reste globalement stable avec une intensité en catégories modérées et fortes.
Atlantique Tropical Sud – Au niveau de l’équateur et dans Atlantique Tropical Sud, la canicule marine reste stable, avec toujours des catégories allant de modérées à extrêmes.
Océan Austral
La canicule marine présente dans l’océan Austral au large de l’Afrique du Sud (entre 30°W et 30°E) reste stable, avec des catégories majoritairement fortes et localement sévères.
Océan Pacifique
Pacifique Tropical – La superficie de la canicule marine liée aux conditions El Niño reste stable. A l’ouest du bassin, sous l’équateur, elle s’intensifie avec une superficie des catégories fortes plus importante, ainsi que le développement de catégories sévères.
Pacifique Sud, à l’Est de la Nouvelle Zélande – La canicule marine reste globalement stable.
Mers d’Asie du Sud-Est
La canicule marine présente de la mer d’Arafura jusqu’en mer de Chine méridionale s’intensifie : la superficie des catégories modérées et fortes augmente. Des catégories fortes se développent également au nord des côtes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Océan Indien
Dans la mer d’Arabie, la canicule marine s’intensifie à l’ouest avec le développement de catégories fortes. L’étendue des zones en catégorie modérée diminue. Dans le golfe du Bengale, la canicule marine diminue en intensité, avec le passage de catégories fortes à modérées.
Anomalies hebdomadaires de température
Mer Méditerranée – 0.5°C et 2.5°C.
Atlantique Nord – 0.5°C et 1.5°C.
Atlantique Tropical Nord – 0.5°C et 1.5°C.
Atlantique Tropical Sud – 1°C et 2°C.
Océan Austral – 1°C et 3°C.
Pacifique Tropical – 0.5°C et 1°C.
Mers d’Asie du Sud-Est – 0.5°C et 1°C.
Pacifique Sud – 2°C et 3°C.
Ocean Indien – 0.5°C et 2°C.
Prévisions pour le 30 Avril
Zone Europe
Mer Mediterranée
Pour le 30 avril, Mercator Océan International (MOI) prévoit que la canicule marine continue de s’amoindrir dans le bassin oriental. L’intensité de la canicule marine est majoritairement modérée.
Zone Globale
Océan Atlantique
Atlantique Nord – Mercator Océan International (MOI) prévoit que la canicule marine présente sur la façade Atlantique Nord-Africaine au large des côtes marocaines diminue en superficie ainsi qu’en intensité en passant essentiellement en catégorie modérée.
Atlantique Tropical Nord – MOi prévoit que la canicule marine présente dans l’Atlantique Tropical Nord et en mer des Caraïbes diminue fortement en intensité. La grande majorité de la zone passe en catégorie modérée.
Atlantique Tropical Sud – La canicule marine reste stable.
Océan Austral
La canicule marine présente dans l’océan Austral au large de l’Afrique du Sud (entre 30°W et 30°E) reste stable.
Océan Pacifique
Pacifique Tropical – Dans le Pacifique Tropical, l’intensité de la canicule marine liée aux conditions El Niño s’affaiblit à l’ouest du bassin.
Pacifique Sud, à l’Est de la Nouvelle Zélande – La canicule marine reste globalement stable.
Mers d’Asie du Sud-Est
Dans les mers d’Asie du Sud-Est, la canicule marine diminue en intensité avec une augmentation de la superficie de catégories modérées à la place de catégories fortes.
Océan Indien
Dans l’océan Indien, la canicule marine dans la mer d’Arabie reste stable. Dans le golfe du Bengale, la canicule marine diminue en intensité.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine ?
Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs.
Figure adaptée de Hobday et al. (2018)
La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.
Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant tout l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.
Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.
[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4
[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf