Avant propos du Comité de Pilotage de la Prospective

En mars 2012, les organismes associés dans Mercator-Océan ont demandé au conseil scientifique du GMMC d’organiser un exercice de prospective scientifique couvrant les différents champs de l’océanographie opérationnelle nationale, avec pour objectif de dégager une vision commune des enjeux, des objectifs et des chantiers de recherche à conduire dans les 10 prochaines années, en tenant compte du contexte européen et des investissements déjà réalisés dans le domaine au cours des 15 dernières années. Un comité de pilotage de prospective a été mis en place et a tenu une série de réunions de travail et de conférences réunissant une communauté scientifique large. Ce comité a rédigé un rapport provisoire de prospective sur la base de ces travaux, rapport qui a été soumis pour revue à la communauté entre le 19 juillet et le 28 septembre 2013. Un rapport final a ensuite été élaboré sur la base de cette revue par le comité de pilotage.

Analyse de la revue

Nous remercions sincèrement nos collègues qui ont pris le temps d’analyser ce rapport et de nous faire part de leurs remarques. Les commentaires que nous avons reçu sont globalement de 3 types:

  1. Des commentaires très ciblés, proposants des corrections ou faisant des suggestions précises qui ont pu être intégrés rapidement dans le rapport.
  2.  Des commentaires qui nécessitent de relancer les débats et que nous n’avons pu inclure dans le rapport, même s’ils ont pour certains donné lieu à des modifications significatives du texte initial.
  3.  Des commentaires de nature institutionnelle ou relevant de la stratégie opérationnelle propre des organismes que nous avons jugés plus appropriés à un plan d’implémentation qu’à une prospective scientifique et que nous n’avons donc pas (ou peu) pris en considération.

Puisque le rapport n’a pas retenu toutes les remarques faites par la communauté, nous pensons qu’il est nécessaire de porter à la connaissance de la communauté le contenu complet de cette revue. C’est avec l’accord de nos collègues que nous publions ci après l’ensemble des remarques que nous avons reçues, accompagné du Rapport provisoire sur lequel à porté la revue (publié le 16/07/2013) et du Rapport final corrigé après revue (publié le 10/10/2013)

Les numéros de page changent d’une version à l’autre du rapport. Les références utilisées dans la revue sont celles du rapport provisoire. Nous avons cependant fait attention à ce que les numéros de sections restent les mêmes.

Commentaires de revue

Commentaires de Cyril Lathuilière et al. (Shom, 10/09/2013)

Commentaires de Cindy Lebaupin Brossier (CNRM, 20/09/2013)

A la lecture du document de prospective scientifique de l’Océanographie Opérationnelle, j’ai relevé quelques éléments mineurs (2) ainsi que des questions (1) en particulier sur les problématiques d’interactions O/A:

(1)

  • Pour les systèmes régionaux et surtout ceux en zones côtières, quelles sont les opportunités, ou plutôt, quel peut être le (futur) besoin pour la communauté de mettre en place des réseaux d’observations multi-compartiments et avec quelles coordination/collaboration/interactions avec les autres services opérationnels (météorologiques en particulier, mais éventuellement services de prévision des crues pour les problématiques de surcotes et crue fluviale par exemple), notamment pour gérer ces réseaux ?
  •  Pour les systèmes intégrés régionaux et côtiers, ne faut-il pas poser des questions d’assimilation de données couplée notamment pour le chantier « Assimilation Données Futures et OSSE » ?
  •  La question de l’évaluation des forçages atmosphériques, à plusieurs échelles, doit être re-posée dans un chantier, peut-être « Dynamique des couches de surface », et, doit évidemment encourager l’implication des atmosphériciens.

(2)

3.2.3. Dans le cas d’évènements particuliers… qualité. -> Les fronts océaniques, la stratification verticale et le contenu thermique de la couche de mélange sont cruciaux pour la prévisibilité d’évènements météorologiques particuliers (cyclones, tempêtes, épisodes cévenols, moussons, brises…) qui nécessite une meilleure représentation des échanges océan-atmosphère.

5.1. … se lancent dans la construction et la mise en œuvre de systèmes couplés à haute-résolution notamment pour la prévision du temps.

R8. enrichir la physique (…) afin d’améliorer le traitement du forçage atmosphérique (résolution de forçage, paramétrisation des flux ou de la couche limite atmosphérique marine).

R14. Il faudra étudier si le couplage avec la CLAM peut être une valeur ajoutée et éventuellement aller vers un système couplé O/A régional notamment pour les façades métropolitaines, en partenariat étroit avec Météo-France.

5.3.3. Ce chantier doit également poser la question de l’amélioration de l’estimation des flux de surface à toutes les échelles via leur paramétrisation et/ou un couplage interactif avec un modèle atmosphérique. Nous citons comme exemples…

6. Passer de la notion de système forcé à celle de couplage « faible » O/A -> à celle de systèmes interactifs (incluant notamment l’atmosphère et les vagues) selon des méthodologies à définir.

Pascale Delecluse (Météo France, 23/09/2013)

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le document de prospective sur le quel vous avez beaucoup travaillé. Je vous envoie une série de remarques, plus ou moins importantes, pour vous aider à finaliser la présentation de ce document.

Philippe Bougeault (Météo France, 26/09/2013)

Conformément à ta proposition, je te fais parvenir ci-joint mes commentaires sur le document provisoire de prospective Océanographie Opérationnelle.

Patrick Marchesiello (LEGOS/IRD, 27/09/2013)

Voila sur la ligne des réactions sur le document provisoire de prospective de l’Océanographie Opérationnelle. Ces commentaires reflètent la réaction d’une partie des chercheurs/ingénieurs de l’IRD. Le document a circulé parmi tous les océanographes de l’IRD et a évolué en fonction des réponses. Il reflète donc une partie substantielle de notre communauté mais pas toute. Ce n’est pas non plus un message institutionnel qui viendra peut-être en parallèle.

Raymond Zaharia (CNES, 27/09/2013)

Comme promis, trouves ci dessous quelques questions ou suggestions. Plus je pioche ce doc de prospective OO… plus il me semble bien fait et pertinent ! Cependant, a tort ou a raison, (car il y a peut être des trucs qui m’échappent), il me semble qu’il comporte des oublis, dont je ne peux apprécier la sévérité ! (Je « ratisse large » et n’éprouverai que du soulagement s’il apparait que mes craintes sont excessives / injustifiées !).

Les sujets qui me semblent manquer sont:

1) « Retraitements Climat », je veux dire: « Nouveaux efforts pour tenter de donner a posteriori une *qualité Climat*… a des obs qui n’ont pas été faites pour cela »! Il s’agit de favoriser /solliciter un nouvel épisode analogue a la « Climate Change Initiative » de l’ESA, qui a bien marché, entre autres, pour ce qui concerne le MSL (en réussissant a rapprocher les séries temporelles Envisat et Jason-1). Une démarche analogue pour le vent de surface vu par les diffusiomètres et les altimètres est-elle concevable ? Améliorer les forçages, devrait contribuer, il me semble, a renforcer la qualité des reanalyses type Glorys ?  (Ou a augmenter la durée, déjà  considérable, sur laquelle une prévision peut demeurer réaliste ?)

2) Plan de Comm: les acteurs qui sont concernés par les progrès de l’OO sont de plus en plus nombreux et disperses… Les risques de duplication et surtout de non utilisation, (par ignorance des capacités dans lesquelles nous avons investi), me semblent considérables, notamment pour le domaine côtier ! (Voir détails ci dessous concernant la réunion ONERC BRGM de début septembre).   Plus précisément, je me demande si le format des journées GMMC reste adapté à la multiplicité des acteurs présents sur le domaine côtier. Les porteurs de l’OO ne doivent-ils pas s’efforcer d’aller « coloniser » davantage d’autres réunions professionnelles ? (que ce soit sur les risques côtiers ou sur les ERMs, liste non limitative !)

3) Modèles aux éléments finis: Il est question de 1/36 ou de 1/108 de degré’… mais jamais de MEF / FES !  SI, (ce que j’ignore…), certains acteurs importants, (LNHE ?), utilisent des MEF, (ce qui n’est pas le cas, en général, de la « communauté’ du large »), la question du couplage entre un modèle a « maille cartésienne » (c’est peut être pas le bon terme !), et un MEF couvrant une portion de littoral est-elle correctement couverte ?

Fabrice Hernandez (IRD/Mercator-Océan, 27/09/2013)

Yann Drillet (Mercator-Océan, 28/09/2013)

Ci joint une contribution de l’ensemble du département R&D de Mercator pour réagir de façon constructive je l’espère sur le document de prospective. A bientôt pour compléter les discussions sur le sujet et pour finaliser ce document qui sera important pour nous.

Florence Cayocca (Ifremer, 29/09/2013)

Ces commentaires ne constituent pas une réponse « institutionnelle » à la version du document de prospective qui nous a été soumis pour relecture : ils traduisent uniquement des réactions largement partagées au sein de la communauté côtière. La prospective révèle en effet des inexactitudes ou des maladresses qui témoignent d’une fusion encore très immature entre les communautés hauturière et côtière; en voulant effacer, tant dans le bilan que dans la prospective, l’existence historique de ces communautés distinctes, le document rend certains messages confus.

La rédaction de ces commentaires est motivée par le souci de faire progresser un document initial aux qualités réelles : les commentaires visent à assurer une description juste et honnête du bilan, et à proposer une prospective qui prenne mieux en compte les acquis de l’opérationnel hauturier et côtier, et qui identifie au mieux les ambitions d’une future océanographie opérationnelle couvrant les deux domaines, et les moyens de les atteindre.

Boris Dewitte (LEGOS/IRD)

De manière générale, en tant qu’utilisateur de longue date des produits Mercator et collaborateur, je trouve ce document de prospective enthousiasmant sur beaucoup d’aspects.

Je rejoins le constat qu’il faille que « les chercheurs investissent les centres opérationnels » et contribuent à l’évolution du système et des produits.

Mon commentaire spécifique porte sur la Section 5.3 :

Un chantier structurant qui me semble trop fondu dans les autres est celui du couplage océan/atmosphère qui fait l’interface avec la prévision. Les travaux autour d’un tel chantier pourrait mener à des améliorations de la qualité des produits dans certaines régions (ex. les systèmes de courant de Bords Est). Ce chantier pourrait apparaître à part entière car plusieurs communautés pourraient plus facilement s’identifier et participer à la dynamique proposée par la prospective.

Du point de vue de la prévision saisonnière, les systèmes de prévision se heurtent au problème du choc à l’initialisation qui peut être atténué en initialisant le modèle de prévision avec des produits « corrigés ». Ces derniers peuvent être obtenue par des méthodes diverses, la plus simple étant la méthode de nudging qui consiste à combiner la solution du modèle couplé et la Réanalyse. Ces conditions initiales peuvent être aussi produites en mode couplé ou semi-couplé. « semi-couplé » réfère ici soit à des méthodes de couplage partiel (ex. couplage uniquement sur les flux ou les anomalies) ou l’utilisation d’un modèle océanique avec un modèle de couche de mélange atmosphèrique (slab). Ceci demande sans doute des développements mais ils devraient permettre un saut qualitatif dans l’amélioration des produits de prévision (c’est démontré dans des systèmes simplifiés) et peut s’envisager comme un effort à grande valeur ajoutée.

A l’échelle régionale, dans les systèmes d’upwelling (généralement très productifs), les Reanalyses indiquent un biais important qui semble provenir d’une mauvaise estimation du rotationnel de vent moyen dans les produits ECMWF à l’échelle régionale (biais aussi constaté dans des produits atmosphérique downscallés type CORDEX). Ces biais sont amplifiés par le couplage dans les modèles couplés globaux (problème récurrent de CMIP3 à CMIP5). C’est un point bloquant pour les applications avales (couplage bio.). Une direction qui est prise actuellement dans la communauté intéressée par ces régions (communauté IRD impliquée fortement) consiste en l’étude des processus d’interaction océan-atmosphère à fine échelle (regionale à mesoéchelle) et le développement de plateforme régionale couplée océan-atmosphère. Ces développements pourraient contribuer à définir des stratégies/méthodes visant à améliorer les produits Mercator dans ces régions particulières.

Comité de pilotage de la prospective

Bahurel Pierre MERCATOR Océan
Barnier Bernard GMMC (Président entrant)
Brasseur Pierre GMMC (Président sortant)
Dombrowsky Eric MERCATOR Océan
Dumas Franck PREVIMER
Le Traon Pierre Yves PREVIMER
d’Ortenzion Fabrizio GMMC (membre du Conseil Scientifique)
Pouliquen Sylvie CORIOLIS
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