Plusieurs océanographes experts de l’équipe de Mercator Océan International ont réalisé des avancées importantes dans l’étude des vagues de chaleur marines, définies comme des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période de temps prolongée. Leur article scientifique Decrease in air-sea CO2 fluxes caused by persistent marine heatwaves a récemment été publié dans Nature Communication, une revue en libre accès qui publie des recherches de haute qualité dans tous les domaines des sciences naturelles.
Zones sensibles au CO2 et vagues de chaleur marine persistantes
Basée sur une analyse conjointe de mesures satellitaires, d’observations BGC-Argo, de reconstructions dérivées d’algorithmes d’apprentissage automatique et d’un modèle numérique de pointe de l’océan mondial, produit par Mercator Ocean International, l’étude a mis en évidence l’absence de connaissances essentielles sur les vagues de chaleur marines et leurs effets sur les zones sensibles au CO2. Quelques prémisses. Il a été observé que l’océan absorbe actuellement environ 25 % des émissions anthropiques de CO2, fournissant ainsi un service écosystémique important à l’humanité en atténuant le réchauffement climatique. Les flux de CO2 se produisent dans différentes zones de l’océan : le dioxyde de carbone est principalement absorbé aux hautes latitudes, tandis qu’il est rejeté dans l’atmosphère aux basses latitudes.
Les vagues de chaleur marines peuvent se produire à différents endroits de l’océan. Leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, avec des conséquences néfastes sur les écosystèmes, les industries marines et les activités humaines. Dans leur article, les auteurs se sont concentrés sur les vagues de chaleur marines intenses et de longue durée (dites persistantes, PMHW). Ils montrent que les PMHW se produisent dans les principales zones d’absorption et de libération de CO2, les zones dites sensibles au CO2, comme le montre l’image ci-dessous.
L’impact le plus fort et le plus significatif des PMHW sur les échanges air-mer de CO2 se produit dans l’océan Pacifique, avec une diminution nette de l’absorption océanique de CO2 de 29 +/- 11 % dans le Pacifique Nord et une réduction nette de 40 +/- 9 % des rejets de CO2 dans le Pacifique tropical.
Ces résultats apportent un nouvel éclairage sur l’interaction entre les vagues de chaleur marines et les zones sensibles au dioxyde de carbone. Ils ouvrent surtout la voie à de futures investigations sur son évolution sous l’effet du changement climatique.
Les auteurs
Ils ont contribué à la rédaction de l’article : Alexandre Mignot, Karina von Schuckmann, Peter Landschützer, Florent Gasparin, Simon van Gennip, Coralie Perruche, Julien Lamouroux & Tristan Amm.
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