Mercator Ocean International (MOi) a été l’hôte du premier Forum Digital de l’Océan à Paris les 20 et 21 avril 2022. Il était organisé par MOi sous l’égide de la Commission européenne et du ministère français de la Mer dans le cadre de la présidence du Conseil de l’Union européenne. Le Forum sur l’océan numérique a été créé en réponse à plusieurs initiatives, dont la mission de l’UE “Restore our Oceans and Seas by 2030″(en). En outre, il s’agit d’une première étape vers les objectifs discutés lors du One Ocean Summit le 11 février 2022 à Brest (France) en vue de la construction du jumeau numérique de l’océan européen European Digital Twin Ocean (DTO) en utilisant des atouts européens tels que Copernicus et EMODnet.

Le jumeau numérique européen de l’océan est lancé

Lors du « One Ocean Summit » organisé par la présidence française du Conseil de l’UE en février 2022, plus de 40 pays se sont mobilisés pour placer l’océan au cœur de l’agenda politique international. Pour renforcer le leadership de l’UE en matière de protection de l’Océan, la présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, a lancé le jumeau numérique de l’Océan européen (DTO) dans le contexte de la mission de l’UE « Restaurer nos océans et nos eaux d’ici 2030 » et pour permettre la réalisation de l’ambition du « Green Deal » européen. Lors du One Ocean Summit, Mme von der Leyen a expliqué :

« L’océan reste en grande partie un vaste mystère pour l’humanité. C’est pourquoi l’Europe construit un jumeau numérique de l’océan. Nous connectons nos moyens – comme les satellites Copernicus, les infrastructures marines telles que les brise-glace, les bouées et les drones sous-marins – et les ordinateurs à haute performance. Nous rassemblerons les données brutes et les transformerons en informations pertinentes en temps réel et en prévisions à plus long terme. Nous mettons la puissance de la révolution numérique au service de notre climat. (…) Grâce à l’UE et à ses États membres, un jumeau numérique devrait être opérationnel d’ici 2024. Il rendra la connaissance des océans en accès libre, disponible pour les citoyens, les scientifiques et les décideurs politiques du monde entier. Il s’agira d’une plateforme de coopération mondiale. Il s’agit de mettre en place les capacités nécessaires à la réalisation des engagements que nous prenons lors de ce sommet. Ensemble, avec le jumeau numérique, nous mettrons l’océan en lumière. »

– Ursula von der Leyen Présidente de la Commission Européenne

 La Commission européenne investit 13 millions d’euros pour développer un DTO européen de pointe. Cet investissement vient compléter le projet Iliad, d’un montant de 19 millions d’euros, financé dans le cadre de l’appel à propositions de recherche lancé par le Green Deal pour piloter le concept de DTO.

Le 20 avril 2022, plus de 70 experts de 20 pays d’Europe se sont réunis à Paris pour définir une vision commune d’un DTO européen et s’accorder sur la manière d’avancer ensemble pour relever ce défi transformationnel.

Cet événement fait partie de l’agenda de la présidence française du Conseil de l’UE et a été développé en collaboration avec la Direction générale de la recherche (DG RTD) et la Direction générale des affaires maritimes et de la pêche (DG MARE) de la Commission européenne, ainsi que la Direction générale de l’industrie de la défense et de l’espace (DG DEFIS), la Direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie (DG CNECT) et le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission.

La première journée de l’événement s’est déroulé en privé et comprenait cinq groupes de travail (GT), chacun chargé d’explorer et d’élaborer différentes facettes du futur DTO. Chaque groupe de travail était dirigé par un président, un représentant de la Commission européenne et un coordinateur de Mercator Ocean International (MOi), ainsi que par des experts pour rassembler les résultats et les objectifs. Le deuxième jour a consisté en un événement de haut niveau ouvert au public au cours duquel les points forts de chaque groupe de travail ainsi que les présentations d’un grand nombre d’experts ont été exposés.

Temps fort du forum : Besoins fondamentaux en matière de conception et de collaboration

Un rapport complet sera présenté à la Commission européenne d’ici la fin mai, qui compile et synthétise les recommandations reçues tout au long de ce processus. Les experts présents au Forum ont également mis en évidence les domaines clés nécessitant une communication et une collaboration continues entre les partenaires européens des DTO :

• Travailler ensemble pour réaliser des avancées majeures d’ici 2024 : Une vision commune, la communication et la collaboration entre les activités du DTO européen / Un engagement accru des utilisateurs et la co-conception / Une fiabilité accrue des modèles et une meilleure estimation des incertitudes / Une meilleure connaissance des océans, une meilleure adoption des modèles par les différents secteurs, des collaborations avec les spécialistes des océans / Des résultats accrus pour les applications sociétales des jumeaux numériques afin de décrire les interactions entre le système naturel et les activités humaines / Une communauté DTO européenne établie pour faciliter l’alignement et l’interopérabilité avec Destination Earth / Le DTO européen est reconnu comme un élément constitutif du système de connaissances de la mission océanographique de l’UE / Le DTO européen contribue à la Décennie des Nations unies pour l’océanographie au service du développement durable.
• Établir les services à fournir par le DTO européen : Accès aux données ; Service d’ingestion de données / Accès à la capacité de calcul, au laboratoire virtuel et aux outils / Service de modélisation / traitement à la demande / Connecteurs et couplage avec le service d’autres jumeaux / Service de scénarios d’hypothèses / Visualisation / Assistance aux utilisateurs et gestion du flux de travail / Service de suivi de marchés / Outils collaboratifs.
• Co-concevoir les systèmes de connaissance de l’océan numérique avec les utilisateurs (politiques, scientifiques, industriels, citoyens) Un dialogue régulier avec les représentants des groupes d’utilisateurs est nécessaire pour s’assurer que le service de connaissance de l’océan généré par les nouveaux systèmes numériques océaniques est adapté aux besoins. Les professionnels de l’océan en début de carrière doivent être engagés comme partenaires privilégiés dans la co-conception et le développement des DTO.
• Assurer l’alignement et permettre l’intégration des activités et des résultats du DTO européen avec d’autres initiatives numériques, notamment le programme DTO international (DITTO) de la Décennie des Nations unies pour l’océanologie au service du développement durable et Destination Terre.
• Établir des normes et une taxonomie convenues. L’accessibilité et la qualité des données nécessitent l’utilisation et/ou le développement de normes européennes ou internationales approuvées. Les normes doivent être envisagées à tous les niveaux, de la taxonomie aux vocabulaires, en passant par les formats et les interfaces de programmation d’applications.
• Travailler avec la Commission pour s’assurer que les projets européens fournissent leurs données dans des systèmes de données européens utilisables par tous (EMODnet, Copernicus Marine Service, infrastructures de recherche, etc.)
• Utiliser au mieux l’intelligence artificielle pour maximiser le potentiel d’un DTO. Les techniques d’intelligence artificielle sont en train de révolutionner l’océanographie et constituent un facteur clé de la réussite d’un DTO. L’IA permettra d’améliorer la compréhension des processus nécessaires à un DTO, en combinant des méthodes avancées d’apprentissage automatique et des modèles d’écosystèmes océaniques basés sur l’apprentissage automatique guidé par la physique et le raisonnement causal.
• Veiller à ce que le système de connaissance des océans du DTO soit fondé non seulement sur des aspects scientifiques et techniques, mais aussi sur une « éthique de la conception », intégrant les préoccupations relatives au bien-être social et aux droits de l’homme. Le DTO européen suivra les « Lignes directrices éthiques de l’UE pour une IA digne de confiance ».
• Reconnaître que les résultats et les scénarios des DTO peuvent nécessiter une interprétation experte par les scientifiques pour être utilisés par le public. La communauté européenne des DTO doit identifier et limiter les risques de mauvaise utilisation et de mauvaise interprétation sans imposer de restrictions.
• Combler les lacunes en matière d’observation et de connaissances qui limitent le développement des DTO grâce à l’élaboration d’un plan scientifique régulièrement mis à jour.