Digital Ocean Forum 2024 : lancement de la plateforme pré-opérationnelle du Jumeau numérique de l’Océan

© Fabrice Messal, Mercator Ocean

Le Digital Ocean Forum (DOF) 2024 a marqué un tournant avec le lancement de la première plateforme pré-opérationnelle du Jumeau numérique de l’Océan (EUDTO). Cet événement, qui s’est tenu le 13 juin à Bruxelles sous les auspices de la présidence belge du Conseil de l’UE, a été organisé conjointement par les directions générales de la Commission européenne chargées de la recherche et de l’innovation (DG RTD), des affaires maritimes et de la pêche (DG MARE), et de la défense, de l’industrie et de l’espace (DG DEFIS), en collaboration avec Mercator Ocean International (MOi) et l’Institut maritime des Flandres (VLIZ).

Le DOF 2024 a rassemblé un groupe diversifié de parties prenantes, y compris des acteurs de la Commission européenne, des décideurs politiques nationaux, des scientifiques, pour assister au dévoilement de l’EU DTO, une représentation virtuelle révolutionnaire de l’océan. La plateforme intègre les observations marines, l’intelligence artificielle, la modélisation avancée de l’Océan et le calcul à haute performance (HPC), offrant des capacités sans précédent pour l’exploration des données marines et la prise de décision basée sur la science.

Le lancement de l’EU DTO répond à un engagement clé pris par la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula von der Leyen, lors du One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest en février 2022. En tant qu’initiative phare de la mission « Restore Our Ocean and Waters » de la Commission européenne, l’EU DTO s’inscrit dans le cadre du « Green Deal » de l’UE et de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, démontrant ainsi l’engagement de l’Europe à mettre les technologies de pointe au service de la conservation de l’Océan.

Démonstration en direct au Digital Ocean Forum

Organisé à l’Académie des sciences de Bruxelles, le DOF 2024 a présenté le EU DTO lors d’une démonstration en direct à laquelle a assisté une large communauté d’acteurs de l’Océan, y compris les futurs utilisateurs du DTO, tous rassemblés autour d’un stand visuellement percutant conçu par MOi. Parmi les participants, on comptait également Pascal Lamy, président de la Mission Restore our Ocean and Waters, Johan Hanssens, secrétaire général du département flamand de l’économie, de la science et de l’innovation, Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur français pour les pôles et les enjeux maritimes, ainsi que des représentants de haut niveau de cinq directions générales de la CE : Commissaire Ivanova (DG RTD), Florika Fink-Hooijer, directrice générale de l’environnement (DG ENV), Gustav Kalbe, chef d’unité pour l’administration et les finances, au sein de la direction générale des réseaux de communication, du contenu et de la technologie (DG CNECT), Kestutis Sadauskas, directeur général adjoint de la DG MARE, John Bell, directeur de Heathy Planet (DG RTD), et Mauro Facchini, chef d’unité (DG DEFIS). Leur présence a souligné l’importance de l’EU DTO pour soutenir les objectifs environnementaux et technologiques de la Commission européenne.

Iliana Ivanova, commissaire européenne chargée de l’innovation, de la recherche, de la culture, de l’éducation et de la jeunesse, a commenté l’événement : « Je suis ravie d’annoncer qu’à partir d’aujourd’hui, le jumeau numérique européen de l’océan est accessible à tous, que ce soit pour le tester, l’utiliser ou y contribuer. Grâce à l’investissement du programme de recherche et d’innovation de l’UE Horizon Europe, il nous aidera à comprendre comment la pollution et les activités humaines affectent l’océan et son rôle essentiel dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité. Il s’agit encore d’un prototype, mais une fois qu’elle sera pleinement opérationnelle, la plateforme changera la donne en matière de gestion de l’océan, en fournissant des informations essentielles et des prévisions précises en temps réel« .

Des experts de MOi, dont Fabrice Messal, Alain Arnaud et Jérôme Gasperi, font une démonstration en direct de la plateforme de l’EU DTO à des acteurs de haut niveau, dont (sur la photo), John Bell, la commissaire Ivanova, l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor, Pascal Lamy et Johan Hanssens. | © Bernal Revert / BR&U

Un outil puissant pour la prise de décision basée sur la science

Les capacités de la plateforme à réaliser des scénarios de simulation ont été mises en avant tout au long de l’événement, avec la présentation de plusieurs cas d’utilisation. L’EU DTO permet aux utilisateurs de visualiser et de prévoir les incidences de diverses conditions océaniques et activités humaines, fournissant ainsi des informations précieuses pour l’élaboration des politiques et la gestion de l’environnement.

Par exemple, cela peut aider à lutter contre la pollution marine par les plastiques en surveillant et en prédisant le mouvement des déchets plastiques, ce qui permet de prendre des décisions et des mesures éclairées pour protéger les environnements marins. Le Jumeau numérique de l’Océan peut explorer des solutions basées sur la nature pour lutter contre les risques côtiers, comme l’utilisation d’herbes marines pour atténuer les risques côtiers. La plateforme peut également contribuer à la conservation de la biodiversité marine en mettant en lumière le plancton et la dynamique de l’Océan, qui sont ensuite utilisés pour surveiller et prédire les mouvements des tortues de mer.

Dans les vidéos ci-dessous, Simon Van Gennip, océanographe chez MOi, présente la capacité de la plateforme à protéger les environnements marins et les communautés côtières de la pollution plastique, tandis que Kelly Johnson, de Hereon, présente des solutions basées sur la nature pour lutter contre les risques côtiers. Ces développements ont été réalisés dans le cadre d’EDITO ModelLab, un projet Horizon Europe coordonné par MOi :

La première démonstration de la plateforme pré-opérationnelle est présentée en ligne à travers ses cinq piliers principaux : 1) les attentes de la société ; 2) des informations de pointe à portée de main ; 3) de nouveaux produits et services ; 4) une aide à la prise de décision ; 5) un réseau d’expérience unique. Dans un mini-site dédié, chaque pilier est expliqué et comprend des interviews vidéo, ainsi qu’un accès aux outils de visualisation qui rendent le EU DTO accessible à tous.

Construire l’infrastructure du Jumeau numérique de l’Océan

MOi et VLIZ assurent le développement de l’infrastructure de base du DTO, dans le cadre du projet EDITO Infra d’Horizon Europe. Cette infrastructure combine et intègre les données et les services du réseau européen d’observation et de données marines (EMODnet) – mis en œuvre par VLIZ – et du Copernicus Marine Service – mis en œuvre par MOi – dans un cadre numérique unique. Le jumeau numérique européen de l’océan s’intègre également dans un cadre plus large, puisqu’il sera entièrement compatible avec le jumeau numérique de la Terre, développé dans le cadre de l’initiative Destination Earth (DestinE), dirigée par la DG CNECT (Réseaux de communication, contenu et technologie) de la Commission européenne.

MOi, qui va se transformer en organisation intergouvernementale, joue un rôle de premier plan dans la mise en place du cadre numérique et de l’environnement virtuel du DTO de l’UE. En tant que OIG, MOi sera en charge de concevoir, développer et exploiter des systèmes d’océanographie numérique de classe mondiale et à fournir des services d’information sur l’océanographie numérique faisant autorité aux États membres et aux organes de gouvernance internationaux.

Une mosaïque de contributions

Le développement du DTO de l’UE représente un effort de collaboration impliquant divers partenaires européens. Kestutis Sadauskas, directeur général adjoint chargé des affaires maritimes et de la pêche (DG MARE), a déclaré que « le véritable intérêt de se lancer dans le développement du jumeau numérique européen de l’Océan réside dans la création de cette communauté qui travaille ensemble à la réalisation d’un objectif commun : décrire et comprendre l’Océan, sa biodiversité et, surtout, ses interactions avec nous, avec nos sociétés, nos économies et notre mode de vie« .

Pierre Bahurel, directeur général de MOi, a expliqué que le DTO de l’UE sera interconnecté avec diverses autres plateformes et jumeaux numériques aux niveaux national et international. Il s’agit notamment de l’intégration avec d’autres disciplines, comme Destination Earth, et de la collaboration avec des initiatives menées sur d’autres continents, comme le programme DITTO des Nations unies (Digital Twins of the Ocean – DITTO Decade programme). La collaboration est cruciale : « Notre DTO européen est une mosaïque de contributions. La Commission européenne rend l’infrastructure DTO possible, mais c’est grâce à la communauté européenne qu’elle deviendra un outil vivant et efficace.« 

Perspectives

La plateforme devrait s’étendre progressivement tout au long de l’année 2025, et les parties prenantes auront la possibilité de procéder à des tests beta dans les mois à venir. Le DTO de l’UE promet d’unifier les données marines fragmentées, en les rendant accessibles et utilisables par les spécialistes comme par les citoyens ordinaires.

John Bell, directeur de Heathy Planet (DG RTD), a résumé le potentiel de transformation du DTO de l’UE dans ses remarques finales :

Il s’agit d’une machine spatio-temporelle. Il s’agit de donner à la démocratie et à la décision publique les moyens de se sauver et de se transformer.

Le Digital Ocean Forum 2024 a ouvert la voie à une nouvelle ère dans le domaine de la science et de la gestion de l’Océan, avec le DTO de l’UE en première ligne. Cette plateforme innovante jouera un rôle essentiel pour relever les défis complexes auxquels l’Océan est confronté et pour construire la science dont nous avons besoin pour l’avenir que nous voulons.

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