Sous l’égide de Rym Benzina (Présidente de La Saison Bleue) et de Pascal Lamy (Président du Forum), la 5ème édition du Forum Mondial de la Mer à Bizerte, en Tunisie, a pris une tournure inédite qui appelle à une mobilisation internationale – un « choc de coopération » pour œuvrer d’urgence et collectivement à un océan sain d’ici 2050. Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et les questions maritimes, Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean International et de nombreuses personnalités internationales ont cosigné la déclaration de Bizerte.
“Sauver l’océan d’aujourd’hui et prévoir celui de 2050”
En cette année 2022, l’océan a été placé au sommet de l’agenda européen et international d’une manière sans précédent, à commencer par le One Ocean Summit à Brest (France) en février, la conférence Our Ocean à Palau en avril, la conférence des Nations unies sur l’océan à Lisbonne en juin-juillet, et les négociations des Nations unies sur la haute mer à New York à travers plusieurs réunions. Portés par leur engagement pour l’océan, plusieurs experts, scientifiques, représentants économiques, associatifs et politiques se sont réunis une nouvelle fois à l’initiative de la Saison Bleue et de la Plateforme Océan & Climat au Forum Mondial de la Mer à Bizerte, au cœur de la Méditerranée, pour produire une réflexion prospective sur l’océan en 2050 et élaborer un premier Plan d’action pour faire face aux défis du futur.
Le Forum Mondial de la Mer- Bizerte, a été créé à l’origine en 2018 sous la présidence de Pascal Lamy, et c’est le seul rendez-vous international de la rive sud de la Méditerranée dédié aux questions maritimes. Le thème de cette année rappelle la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), mais en allant plus loin, en imaginant une feuille de route pour l’océan que nous voulons en 2050.
La déclaration de Bizerte, un appel à un « choc de coopération »
Les discussions fructueuses du Forum Mondial de la Mer ont abouti à la signature de la Déclaration de Bizerte. En créant l’équipe Ocean2050, qui fournira à la communauté internationale une feuille de route pour atteindre l’objectif de développement durable 14 (« Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable »), les signataires de la Déclaration de Bizerte « appellent les États, les organisations internationales et non gouvernementales, la communauté scientifique, les organismes de surveillance de l’environnement, les entreprises, les investisseurs, les usagers de la mer et les organisations de la société civile à travailler ensemble afin de construire un océan sûr et en bonne santé d’ici 2050« .
La déclaration de Bizerte appelle à une collaboration forte, un « choc de coopération ». Olivier Poivre d’Arvor – Ambassadeur de France pour les pôles et la mer, envoyé spécial du Président de la République française pour la Conférence des Nations Unies sur les océans 2025 – explique que “Il faut un choc de coopération, il faut que tous ensemble nous œuvrons au même objectif qui est transnational et méditerranéen. Parce que s’il n’y a pas un choc de coopération entre les Etats, les scientifiques, les entreprises, les ONG, les marines nationales… c’est ce que j’appelle le choc de polarisation qui va se manifester entre l’économie (qui veut des profits), l’environnement (qui exige au contraire qu’on n’exploite pas cette mer); entre les différents corps de métiers, les marins militaires, les civils; entre les pays eux-mêmes…”
OCEAN2050
Rappelant l’image de l’étoile de mer, basée sur les cinq thèmes majeurs soutenus par l’Union européenne dans le cadre de la mission de l’UE « Restore our Ocean and Waters by 2030 », le travail de l’équipe OCEAN 2050 sera organisé autour de cinq branches :
- Gouvernance, paix, justice et sécurité,
- Science, innovation et connaissances partagées,
- Protection, régénération et adaptation,
- Lutte contre toutes les formes de pollution,
- Economie et finance bleues durables
Avec la transformation en organisation intergouvernementale, Mercator Océan International s’impliquera notamment pour atteindre les objectifs de Gouvernance ainsi que ceux fixés dans la branche Science, Innovation et Connaissance partagée, en particulier avec le développement du Jumeau Numérique de l’Océan. Pierre Bahurel commente que « dans l’année qui vient, nous allons transformer cela en quelque chose de réel, en créant une nouvelle étape dans ce jumeau numérique de l’océan qui nous permettra de trouver un espace pour mettre la connaissance et transformer cette connaissance en une décision pour tout le monde. »
L’océan, une priorité pour l’Union européenne
L’Union européenne a placé l’océan parmi ses cinq missions, définies dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon Europe pour les années 2021-2027. Les Missions de l’UE constituent un engagement à résoudre des défis sociétaux majeurs tels que la lutte contre le cancer, l’adaptation au changement climatique, la vie dans des villes plus vertes, la garantie de la santé des sols pour une alimentation, des personnes, une nature et un climat sains, le nettoyage et la restauration de nos océans, mers, côtes et rivières.
Sous la direction de Pascal Lamy, la mission de l’UE : Restaurer nos océans et nos eaux d’ici à 2030 vise à atteindre cinq objectifs : pollution zéro ; réorganisation de la gouvernance ; régénération des écosystèmes marins et d’eau douce ; décarbonisation de nos océans, mers et eaux ; amélioration de la connaissance de l’océan. C’est dans ce contexte que l’UE a annoncé le développement d’une « copie numérique » de l’océan. Lors du One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest en février dernier, la France, l’Espagne, l’Italie, la Norvège, le Portugal et le Royaume-Uni, avec le soutien de la Commission européenne et de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, ont signé la Déclaration de Brest, qui entérine la décision de transformer Mercator Ocean International en organisation intergouvernementale et invite tous les États côtiers européens à participer à la création de la première représentation numérique de l’océan au monde.