Une nouvelle étude publiée dans le journal Earth System Science Data par une équipe internationale de 70 chercheurs provenant de 15 pays, dirigée par Karina von Schuckmann de Mercator Ocean International, révèle que 89% de l’excès de chaleur accumulé dans le système terrestre au cours des soixante dernières années a été absorbé par l’océan. Les émissions anthropiques, notamment les gaz à effet de serre, les aérosols et leurs précurseurs, ont entraîné un réchauffement planétaire sur plusieurs décennies, provoquant un déséquilibre dans le bilan énergétique de la Terre (Earth’s Energy Imbalance, EEI, en anglais).
L’indicateur EEI fait référence au fait qu’il y ait moins d’énergie quittant l’atmosphère par rapport à la quantité entrant dans le système climatique terrestre par le rayonnement solaire, en raison de l’effet de serre. Ce déséquilibre signifie que la Terre accumule de la chaleur dans le système climatique, entraînant le réchauffement de l’océan, de la terre, de l’atmosphère et provoquant la fonte des glaces.
L’étude montre également que, au cours des 15 dernières années, la chaleur accumulée a augmenté de près de 50% par rapport à la quantité accumulée au cours des 50 dernières années, la majorité de la chaleur étant absorbée par l’océan. Cela a entraîné une hausse du niveau de la mer, des modifications des structures de circulation océaniques et atmosphériques, ainsi que des effets négatifs sur les écosystèmes marins. La chaleur restante va dans le sol (6%), la glace (4%) et l’atmosphère (1%).
Les chercheurs suggèrent que le déséquilibre énergétique de la Terre, qu’ils considèrent comme l’un des indicateurs climatiques mondiaux les plus fondamentaux, devrait être inclus dans le processus du bilan mondial de l’Accord de Paris pour mesurer les progrès mondiaux en matière de lutte contre le changement climatique. Les résultats de l’étude soulignent l’importance de comprendre le rôle de l’océan dans l’absorption de l’excès de chaleur et la nécessité d’actions urgentes pour atténuer les effets du changement climatique. L’étude met également en évidence l’importance de la recherche internationale collaborative pour comprendre la nature complexe du changement climatique et développer des stratégies efficaces pour y faire face.