Partenariat avec Mercator Océan International
En tant que partenaire de l’expédition TARA, Mercator Océan livre régulièrement les produits Mercator Océan et Copernicus Marine Service aux équipes de LOV (l’Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-mer), coordinateur scientifique de TARA pour la haute mer. Ces produits sont utilisés pour développer des produits dérivés de l’expédition « Tara Expédition – Pacifique 2016-2018 » pour étudier la biodiversité des récifs coralliens face aux changements climatiques. En complément de ce service régulier, Mercator Océan met son expertise au service de TARA en fournissant des indicateurs de blanchiment du corail et des supports de communication destinés au grand public.
L’expédition TARA de 2 ans découvre d’importants dommages causés par l’activité humaine sur les récifs coralliens
Après deux ans et demi de navigation dans l’océan Pacifique, où se trouvent plus de 40% des récifs coralliens de notre planète, la goélette Tara est retournée à Lorient, son port d’attache en Bretagne, le 27 octobre 2018.
Les premières observations sur les coraux révèlent des situations très contrastées dues à des facteurs de stress globaux et locaux : si certains sites se sont révélés indemnes comme les îles Chesterfield, le réchauffement a impacté de nombreux récifs tels que les îles Samoa ou certaines îles des Tuamotu, en Polynésie Française.
De retour avec plus de 36 000 échantillons, les scientifiques poursuivent désormais leurs analyses afin de mieux comprendre le corail dans son intimité et de déterminer ses capacités d’adaptation aux changements climatiques et environnementaux. Tara Pacific est soutenue par le CNRS, Paris Sciences et Lettres, le CEA, le Centre Scientifique de Monaco et de nombreux autres partenaires publics et privés comme agnès b., la Fondation Veolia ou la Fondation Albert II de Monaco pour ne citer qu’eux.
Du canal de Panama au Japon (2016-2017), puis de la Nouvelle-Zélande à la Chine (2017-2018), Tara aura effectué plus de 36 000 prélèvements dans pas moins de 32 sites coralliens : c’est la plus vaste campagne scientifique consacrée à cet écosystème. Depuis son départ de Lorient en mai 2016, la goélette aura parcouru 100 000 km et fait escale dans une trentaine de pays.
Certains récifs gravement impactés par le réchauffement climatique
Dès novembre 2016, à Ducie Island, à l’ouest de l’île de Pâques, les scientifiques ont observé les premiers récifs impactés par le réchauffement climatique. Un blanchissement qui a atteint 30 à 50 % dans certaines îles des Tuamotu en Polynésie, voire 90 % aux îles Samoa dans le Sud Pacifique en novembre 2016. En Micronésie, aux îles Tuvalu et Kiribati, une partie des récifs étaient déjà morts avant l’arrivée de la goélette, tandis que les récifs de Wallis et Futuna ou des Îles Chesterfield restaient relativement préservés.
Climat global et pollutions locales : un cocktail délétère
C’est un véritable patchwork corallien résultant de perturbations diverses que les chercheurs ont sillonné. La santé des récifs coralliens observés s’avère très contrastée, ils répondent différemment aux stress globaux et locaux. Tara Pacific offre ainsi l’opportunité unique de dissocier les effets des perturbations locales (pollutions, urbanisation, sédimentation due à l’érosion des sols, techniques de pêche invasives…) de l’incidence des changements globaux (réchauffement climatique global, acidification de l’océan…) et de mesurer l’état de santé de populations coralliennes soumises à ces deux types de perturbations. Un premier constat qui renforce l’importance du développement local durable pour la santé de ces écosystèmes, rappelant ainsi que le changement climatique global ne doit pas empêcher la mise en place de pratiques et politiques publiques durables ambitieuses.
Des données inédites
Grâce à cette expédition, les scientifiques ont récolté des données précieuses qui, après analyses, permettront de comprendre le fonctionnement des coraux et des micro-organismes qui le constituent. L’étude de leur génome devrait notamment livrer des informations sur les mécanismes régissant les capacités d’acclimatation du corail aux variations de l’environnement. Il serait ainsi possible d’identifier les conditions optimales permettant d’assurer la survie des coraux en fonction des paramètres environnementaux et biologiques des récifs coralliens mais aussi de leur microbiote (virus, bactéries, …).
Dans le sillage de l’expédition Tara Oceans (2009-2013), Tara Pacific offrira, grâce aux mêmes méthodes de séquençage, de stockage de données et d’analyses bioinformatiques, la possibilité de décrire les microorganismes des récifs coralliens et leurs interactions encore inconnues. Elle mettra à disposition de la communauté scientifique internationale une base de données inédite sur les récifs coralliens, permettant de dévoiler la biodiversité d’un récif, à la fois génomique, génétique, virale et bactérienne. Autre caractère spécifique de cette expédition : son approche multidisciplinaire, associant biologistes coralliens, généticiens, océanographes, spécialistes du plancton et des poissons de récifs, bio-informaticiens et même médecins !
Donner le temps aux récifs de se reconstruire pour affronter les stress successifs
La Fondation Tara appelle à la mise en œuvre urgente d’actions locales pour atténuer les stress directs subis par les récifs, sans oublier l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Prolifération des déchets plastiques, tourisme non durable dans les lagons, effluents de l’agriculture et de l’élevage ou encore grandes infrastructures côtières, tous ces facteurs aggravent la situation. Il apparaît qu’une prise en compte renforcée des impacts environnementaux fournira des résultats à court terme.
6 Actions locales immédiates :
- Améliorer la gestion des déchets, notamment plastiques
- Limiter l’impact de l’agriculture, de l’élevage et de leurs effluents
- Limiter la déforestation pour stabiliser les sols et éviter ainsi le recouvrement des récifs par les sédiments
- Interdire ou limiter les méthodes de pêche les plus destructrices
- Prendre en compte en tout premier lieu le critère environnemental dans le développement de grandes infrastructures côtières, telles que digues, ports industriels, etc.
- Impliquer et sensibiliser les populations locales pour qu’elles préservent leur propre environnement.
Chiffres clés
Expédition Tara Pacific :
- 2 ans et demi d’expédition de mai 2016 à fin octobre 2018
- 30 pays visités
- 70 escales
- 100 000 km parcourus
- 32 sites étudiés
- 36 000 échantillons en 2 ans et demi
- 70 scientifiques embarqués issus de 8 pays différents
- 23 institutions et laboratoires de recherche
Les récifs coralliens – estimations
- Les récifs coralliens abritent 30 % de la biodiversité marine connue à ce jour
- Ils couvrent moins de 0,2 % de la superficie des océans
- 57 557 km2 de récifs français
- 30 milliards de dollars de services rendus par les récifs par an
- 50 % des récifs sont en situation préoccupante
- 25 % seraient en bon état
- 20 à 25 % des récifs sont aujourd’hui détruits
(Sources : Institut des ressources mondiales – www.wri.org)
MESSAGES clés ET VERBATIM sur l’expédition tara pacific
- Des résultats scientifiques pour mieux préserver l’Océan et protéger l’humanité.
- L’expédition Tara Pacific initiée par la Fondation Tara Expéditions et coordonnée par le CNRS, le Centre scientifique de Monaco et le CEA : une campagne sur les récifs coralliens n’avait été réalisée à cette échelle.
- Tara rapporte plus de 36 000 échantillons et enrichit la plus grande base de données océanique qu’elle a constituée depuis 2006.
- Tara, de retour, ouvre ainsi un nouveau chapitre de l’immense base de données sur l’Océan pour améliorer la connaissance globale de l’Océan, mission fondamentale de la Fondation Tara.
- Ces Big Data sur l’Océan devraient permettre à la communauté scientifique internationale de percer les mystères de l’adaptation du vivant et du monde marin aux bouleversements subis par l’écosystème Océan.