El Niño est une variation du climat qui nait du couplage de phénomènes océaniques et atmosphériques intenses, dans les régions tropicales principalement. Les hivers où il apparaît, El Nino a des répercussions météorologiques jusqu’aux moyennes latitudes.
Dans l’océan, El Niño se caractérise par un réchauffement important des eaux de la surface à environ 300 m de profondeur dans le Pacifique Tropical, depuis le Pacifique central jusqu’aux côtes du Pérou et de l’Equateur.
Cette anomalie chaude de température de surface de la mer, d’environ 1-2°C, est d’une des manifestations d’une interaction océan/atmosphère qui perturbe les courants marins, la position relative de la Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT), le régime des Alizés et également la circulation générale atmosphérique.
Toute la ceinture tropicale du globe subit un bouleversement climatique qui provoque régionalement des précipitations intenses ou des sécheresses exceptionnelles.
Ces bouleversements climatiques ont des conséquences dramatiques sur l’environnement et les activités humaines.
Certains événements El Niño faibles ont eu lieu pendant la dernière décennie (en 2002, 2006 et 2009), mais le dernier El Niño très fort a marqué l’hiver 1997-1998.
Un événement El Niño affecte en premier lieu les régions tropicales et se surveille en suivant l’évolution de la température du Pacifique équatorial en surface et subsurface.
Plus d’information sur El Niño : http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/comprendre-le-climat-mondial/el-ninola-nina
Mercator Océan suit les anomalies de températures dans l’océan pacifique :
A l’aide de modèles de circulation générale océanique que l’on contraint à rester proche des observations satellite et in situ[1] de l’océan, il est possible de suivre en temps réel les variations de température en particulier le long de l’équateur dans l’océan pacifique et de les comparer avec l’énorme phénomène El Nino de 1997-1998.
A Mercator Océan, centre français d’analyses et de prévisions océaniques, nous développons et opérons des systèmes numériques capables de décrire et de prévoir l’état de l’océan en 3D. Nous fournissons ainsi la composante océanique du système couplé océan/atmosphère de Météo-France qui élabore ensuite les prévisions saisonnières sur le trimestre à venir.
Plus d’information sur la prévision saisonnière à Météo-France : http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/la-prevision-saisonniere
Les anomalies chaudes présentes dans les 300 premiers mètres de l’océan (cf. Figure 1) des mois de mars à novembre 1997 et 2015 sont similaires dans l’océan Pacifique équatorial. Un phénomène El Niño est en cours en cette fin d’année 2015.
Depuis plusieurs mois, tous les centres de prévision saisonnière prévoient un fort Niño pour la fin de l’année 2015. Son intensité par rapport à celui de 1997 semble battre tous les records notamment au niveau de la température de surface dans l’océan pacifique est.
Voir le bulletin actuel de prévision saisonnière à Météo-France : http://www.meteofrance.com/accueil/previsions-saisonnieres
Figure 1 : Sections verticales le long de l’équateur (2°S-2°N) de l’anomalie de température (moyenne mensuelle) dans l’océan Pacifique en 1997 avec GLORYS (gauche) et en 2015 avec PSY3 (droite). La référence est dans les deux cas la climatologie mensuelle de la réanalyse GLORYS (1992-2013)
Pour en savoir plus :
Le système Mercator « GLORYS » (couvrant la période 1992-2013) est une réanalyse de l’océan global (également appelé « synthèse » de l’océan dans le passé) utilisant le modèle océanique européen NEMO au 1/4° de résolution horizontale et 75 niveaux verticaux. Il est forcé à la surface par des champs atmosphériques ERA-Interim. Les profils de température et salinité ainsi que les anomalies du niveau de la mer, la concentration en glace de mer et la température de surface de la mer sont assimilés conjointement de manière multivariée (un type d’observation permet de corriger plusieurs variables du modèle). Cette réanalyse de l’océan est une description cohérente de l’état de ces 20 dernières années sur l’océan, utilisant la dynamique du modèle de NEMO et aussi près que possible de l’ensemble des observations disponibles de l’océan. Le système opérationnel de surveillance et de prévision de l’océan global en temps réel « PSY3 » de Mercator Océan (couvrant la période de 2007 à aujourd’hui) et « GLORYS » utilisent une configuration de modèle et d’assimilation de données comparables, ainsi GLORYS peut servir de référence à PSY3 pour les 20 dernières années.
Dans les estimations de la température des océans PSY3 nous pouvons voir le développement d’un événement anormalement chaud dans l’océan Pacifique tropical dès le printemps 2015 qui ressemble à l’événement El Niño de 1997-1998 vu par GLORYS.
La Figure 1 montre les sections verticales le long de l’équateur des anomalies de température (moyenne mensuelle) en 1997 et 2015. Dans les deux cas, de mars à novembre, les eaux sous la surface de l’océan se réchauffent (anomalie positive en rouge avec des valeurs supérieures à la climatologie modèle autour de 4-6°C) entre 100 et 200 mètres de profondeur, et ce réchauffement se propage progressivement vers l’Est de l’océan Pacifique mois après mois. A l’inverse, un refroidissement (anomalie négative en bleu) apparaît dans la partie occidentale, symptôme du « relâchement » de la poche d’eau chaude (warm pool) habituellement circonscrite à l’ouest du Pacifique tropical.
Un indicateur simple, pour suivre la formation des événements El Niño, est l’évolution des anomalies chaudes de températures de surface de la mer dans l’océan pacifique équatorial.
Ainsi les Figure 2 (a) et (b) présentent les variations interannuelle de ces anomalies de température de surface de la mer dans la boite Nino 3.4 (170°W – 120°W, 5°S – 5°N) sur la période 1992-2015. La Figure 2 (a) présente toute la série temporelle tandis que la Figure 2 (b) présente uniquement la comparaison entre les années où un réchauffement a été observé entre janvier et avril dans cette boite Nino 3.4.
Sur ces figures l’événement El Niño 1997 apparait bien comme un événement majeur. Les fins des années 2002, 2006 et 2009 sont également marquées par un réchauffement en surface caractéristique d’un El Niño. L’année 2015 prend la même orientation qu’en 1997. Mais seuls les centres de prévisions saisonnières tel que Météo-France peuvent suivre l’évolution de cet indicateur sur les prochains mois, avec les prévisions des systèmes couplés océan/atmosphère, et prévoir l’importance de cet El Niño.
Figure 2 (a)
Figure 2 (b)
Figure 2 : (a) Variations interannuelles des anomalies de température de surface de la mer dans la boite Niño 3.4 (située au centre-est de l’océan pacifique équatorial) sur la période 1992-2015 et (b) comparaison de ces anomalies pour les années où un réchauffement a été observé entre janvier et avril. Simulation GLORYS sur la période 1992-2013 et simulation PSY3 sur 2014-2015. La référence pour (a) et (b) est la climatologie mensuelle de la réanalyse GLORYS (1992-2013).
Contenu thermique de l'océan Pacifique au 3 janvier 2015 (300 premiers mètres de profondeur) | Contenu thermique de l'océan Pacifique au 29 septembre 2015 (300 premiers mètres de profondeur) - La carte montre en rouge, les zones où le contenu thermique est plus élevé que la moyenne, et en bleu les zones où il est plus bas que la moyenne. |
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