Les océanographes de Mercator Ocean International examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial. Ils analysent une variété d’ensemble de données allant des analyses d’observations (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]
Bilan pour le 19 Mars
Zone Europe
- Sur la façade Atlantique, la canicule marine présente depuis plusieurs mois le long des côtes marocaines jusque dans le Golfe de Gascogne se renforce avec une augmentation de la superficie des catégories fortes. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 0.5°C et 1.5°C.
- Dans le bassin occidental méditerranéen, la canicule marine se renforce en intensité avec une augmentation de la superficie des catégories fortes. Dans le bassin oriental méditerranéen, la canicule marine reste stable, avec majoritairement des catégories modérées et fortes. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 0.5°C et 1.5°C.
Global Ocean
- Dans l’Atlantique Tropical Nord et la mer des Caraïbes, l’étendue de la canicule marine reste stable mais il y a une légère augmentation de la superficie des catégories fortes au large des côtes marocaines, ainsi qu’en mer des Caraïbes. De plus, autour de 50°W et 15°N, il y a une légère diminution de la superficie des catégories fortes. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 1°C et 1.5°C
- Au niveau de l’équateur et dans Atlantique Tropical Sud, l’étendue de la canicule marine reste stable. Il y a une augmentation de la superficie des catégorie fortes vers l’Est du bassin. Au centre du bassin, les catégories d’intensité extrêmes disparaissent mais il y a une augmentation de la superficie des catégories sévères. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 1°C et 1.5°C.
- La canicule marine présente dans l’océan Austral au large de l’Afrique du Sud (entre 30°W et 30°E) augmente légèrement en intensité avec plus de catégories fortes, et légèrement en étendu avec des catégories modérées qui apparaissent. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 1°C et 3°C.
- Dans le Pacifique Tropical, la canicule marine liée aux conditions El Niño se renforce avec une augmentation de la superficie des catégories fortes. Aux alentours de 165°W mais aussi vers 120°W. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont d’environ 1°C.
- Dans le Pacifique Sud, à l’est de la Nouvelle Zélande, la canicule marine se renforce avec une augmentation de la superficie des catégories fortes. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 1°C et 2°C.
- Dans l’océan Indien, la canicule marine passe majoritairement en catégorie modérée et l’étendue de la canicule marine reste stable. Les anomalies hebdomadaires de température associées sont comprises entre 0.5°C et 1°C.
Prévisions pour le 26 Mars
Zone Europe
Pour le 26 Mars, le système de prévision de Mercator Océan International (MOI) prévoit que la canicule marine diminue en intensité et en superficie le long de la façade Nord-Est Atlantique avec des catégories majoritairement modérées à localement fortes.
En Méditerranée, la canicule marine diminue en intensité dans le bassin méditerranéen occidental avec des catégories majoritairement modérées. Dans le bassin oriental méditerranéen, la canicule marine reste stable.
Zone Globale
Pour le 26 Mars, MOI prévoit que la canicule marine présente dans l’Atlantique Tropical Nord diminue en intensité dans la partie Est du bassin.
Dans la mer des caraïbes la canicule marine se renforce en intensité avec l’apparition de catégories fortes et localement sévères.
A l’équateur, la canicule marine augmente en intensité avec plus de surface en catégorie extrême au centre du bassin, et le passage de toutes les catégories modérées en catégories fortes.
Dans l’Atlantique Tropical Sud, la canicule marine reste globalement stable.
La canicule marine présente dans l’océan Austral au sud-ouest de l’Afrique du Sud (entre 30°W et 30°E) reste globalement stable.
Dans le Pacifique Tropical, la canicule marine liée aux conditions El Niño continue d’augmenter en intensité avec plus de surface en catégorie forte. La canicule marine augmente aussi en étendu et se développe autour de la Papouasie Nouvelle Guinée et de l’Indonésie.
Dans les mers d’Asie du Sud-Est, une canicule marine d’intensité forte apparaît au Sud de la Papouasie Nouvelle Guinée mais aussi au Nord de l’Indonésie et de la Malaisie.
La canicule marine présente à l’est de la Nouvelle Zélande dans le Pacifique Sud reste globalement stable.
Dans l’océan Indien, la canicule marine reste globalement en intensité modérée, mais son étendu augmente.
Qu’est-ce qu’une vague de chaleur marine ?
Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]
Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ?
Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs.
La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, Pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.
Les caractéristiques principales des vagues de chaleurs sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), on peut soit calculé l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relevé l’intensité maximale.
Les vagues de chaleurs sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.
[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4
[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf