Mercator Ocean Bulletin : vagues de chaleur marine du 31 juillet

Les océanographes de Mercator Ocean International examinent les vagues de chaleur marine à travers l’océan mondial pour le mois juillet 2023. Ils analysent une variété d’ensembles de données allant des analyses d’observation (cartes de température de surface de la mer par satellite) aux analyses de modèles (assimilant les observations par satellite et in situ) et aux prévisions de modèles.[1]


Figure 1: Carte des catégories de vagues de chaleur marine pour le 25 juillet 2023 pour l’ensemble de l’océan mondial. Analyse GLO12. Source: Mercator Ocean International
Figure 2: Anomalie de température de surface de la mer, le 31 juillet, montrant une prévision à 9 jours jusqu’au 08 Août 2023. Les températures élevées (zones rouges) dans l’ensemble de l’océan mondial que la moyenne à long terme. Source: Mercator Ocean International.

Bilan du mois de juillet 

  • Une vague de chaleur à sévi sur tout le bassin méditerranéen pendant ce mois de juillet, en premier lieu la partie ouest puis s’étendant à tout le bassin au cours de la deuxième quinzaine de juillet. La mer d’Alboran est la région la plus impactée avec une vague de chaleur présente depuis le début du mois. Deux pics d’intensité sont observés de catégorie extrême, situé dans la région entre la Grèce occidentale, l’Italie et la Lybie, ainsi que localement au niveau du Moyen-Orient. Sur toute la semaine la quasi-totalité du bassin ouest a affiché des anomalies supérieures de 3 °C aux normales de saison.
  • Dans le bassin Atlantique Nord, la vague de chaleur qui a sévit en juin sur la majorité de la zone Atlantique Nord-Est a progressivement disparu durant la première quinzaine de juillet. Dans la partie nord-ouest au sud du Groenland dans la mer du Labrador jusqu’à l’ouest de Terre-Neuve une canicule marine de catégorie forte à sévère et localement extrême est présente depuis mi-juillet. Des anomalies hebdomadaires de plus de 4 °C  sont observées à l’ouest de Terre-Neuve.
  • Durant tout le mois de juillet, une vague de chaleur était présente dans la zone tropicale de l’Atlantique-Nord (de 15 °N a 30 °N) et s’étendant sur toute la largeur du bassin, de catégorie forte à sévère à l’est et modérée à forte à l’ouest.
  • La vague de chaleur dans le Pacifique Nord-Est se maintient à un niveau modéré à fort
  • Le Pacifique tropical est en condition de vague de chaleur modérée atteignant l’intensité forte près des côtes du Pérou, ce qui est cohérent avec les conditions El Niño actuelles
  • On peut noter aussi la présence de vagues de chaleur dans l’hémisphère sud dans la partie sud-ouest du Pacifique à l’est de la Nouvelle-Zélande.

Prévisions pour la première semaine d’aout

  • La vague de chaleur présente dans tout le bassin Méditerranéen disparait progressivement en commençant par la partie nord, se maintenant à un niveau extrême localement dans la mer d’Alboran, et sévère au niveau de la Lybie.
  • Dans la zone Atlantique Nord-Ouest, la vague de chaleur s’amoindri passant de niveau généralisé sévère a extrême a modéré et localement sévère.  
  •  La vague de chaleur de l’Atlantique Nord tropical s’étalant sur toute la bande tropicale reste stable dans les modèles.
  • La vague de chaleur dans la bande tropicale du Pacifique nord s’intensifie à l’est au niveau de l’Amérique centrale.

Figure 3 : Caractéristiques des vagues de chaleur marines sur la région Europe (30°N-70°N ; 0°E-45°E) incluant  la mer Baltique, l’Atlantique-est, et la mer Méditerranée calculées à partir des températures de surface du système d’analyse et de prévision GLO12 de Mercator Ocean. En traits pleins : analyse, en traits pointillés : prévision. Nombre de vagues de chaleur marine en bleu (noter que lorsque la surface de la vague de chaleur est importante, on a un plus petit nombre de vagues de chaleur), surface totale en million de kilomètres carrés (M km2) de vagues de chaleur sur la zone en noir. Les surfaces des différentes catégories sont représentées en couleurs : intensité modérée (jaune), forte (orange), sévère (rouge) et extrême (marron).
Le panel du bas, reprend les courbes des vagues de chaleurs sévères (en rouge) et extrêmes (en marron) présentes dans le panel du milieu, sur une gamme de surface plus réduite (axe des ordonnées) pour mieux visualiser les tendances (à gauche jusqu’à 1 000 000 kilomètres carrés pour la catégorie sévère ; à droite jusqu’à 250 000 kilomètres carrés pour la catégorie extrême).  
Critère utilisé : Hobday et al. (2018) https://doi.org/10.5670/oceanog.2018.205

Les vagues de chaleur marine sont des hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée. Elles peuvent se produire à différents endroits de l’océan, et leur ampleur et leur fréquence ont augmenté au cours des deux dernières décennies, ce qui a eu des effets néfastes sur les écosystèmes et les activités humaines. Selon le dernier rapport publié par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC AR6 SYR), on estime avec un degré de confiance élevé qu’à court terme, avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C, la fréquence croissante des vagues de chaleur marine augmentera les risques de perte de biodiversité dans les océans, notamment en raison d’événements de mortalité massive.[2]

Comment sont calculées les vagues de chaleur marine ? 

Une vague de chaleur marine est un épisode de chaleur durant lequel la température est nettement supérieure à la normale pendant un minimum de 5 jours consécutifs. 

Figure adaptée de Hobday et al. (2018)

La normale est définie journalièrement selon une période climatique suffisamment longue (ici 1993-2016). Ainsi, pour un endroit et un jour donné, connaissant toutes les températures de surface observées sur les 30 dernières années, on qualifie une situation de vague de chaleur lorsque la température mesurée est comprise dans les 10% des valeurs maximales observées (c’est à dire au-dessus du 90ème quantile, voir schéma), et cela au moins 5 jours de suite.     

Les caractéristiques principales des vagues de chaleur sont sa durée et son intensité. L’intensité pour un jour donné correspond à la valeur en degré au-dessus du 90ème quantile (flèche bleue), nous pouvons soit calculer l’intensité cumulée pendant toute l’évènement de chaleur, ou relever l’intensité maximale.

Les vagues de chaleur sont catégorisées à partir de leur écart à la température moyenne ou anomalie (flèche verte) : un écart supérieur à 2 fois l’écart entre le 90ème quantile et la moyenne correspond à une vague de chaleur de catégorie forte ; un écart supérieur à 3 fois, de catégorie sévère ; et un écart supérieur à 4 fois de catégorie extrême.  


[1] Analyse des cartes d’analyse de SST OSTIA (Copernicus Marine Service), OISST (NOAA), GLO12 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), PSY4 (Copernicus Marine Service / Mercator Ocean International), et de prévision GLO12 et PSY4

[2] IPCC AR6 SYR chapter 4.3 https://www.ipcc.ch/report/ar6/syr/downloads/report/IPCC_AR6_SYR_LongerReport.pdf

Catégories

Menu